Je suis étonné par cette course aux liquides gavés de glycérine végétale (VG), voire totalement réalisés à partir de cette substance. Course à laquelle se livrent certains fabricants américains ou philippins, très à la mode. Heureusement, certaines marques de liquides résistent, notamment les gammes classiques françaises (Alfaliquid, Vincent dans les Vapes, Fuu, Liquidéo, etc. ) qui, si elles ont introduit une bonne dose de glycérine dans les fioles, proposent toujours des liquides majoritairement dosés en propylène glycol (PG).
Pour bien comprendre, faisons un petit détour par le passé.
Au début de la vape, les liquides étaient uniquement ou presque exclusivement réalisés à base de propylène glycol. Il s'est vite avéré que ce n’était pas fantastique. L’utilisation quasi-exclusive de propylène engendre des effets secondaires gênants, comme un assèchement de la bouche et de la gorge qui, sans être gravissime, est particulièrement pénible. Les vapoteurs s’envoyaient des litres d’eau pour humidifier leur palais. Lorsqu’ils n’étaient pas obligés de se réveiller pour s’envoyer quelques gorgées d’eau. Expérience vécue !
Qui plus est, certains vapoteurs se découvraient une intolérance voire une allergie au propylène glycol. Là encore, rien de grave mais c'est particulièrement gênant. Si ces phénomènes allergiques restaient très rares, cela arrivait. Cela handicapait grandement les vapoteurs concernés qui avaient bien du mal à continuer à vaper dans ces conditions. Nombre d'entre eux sont revenus au tabac, malheureusement.
Alors les fabricants ont commencé à inclure une dose de glycérine. La VG atténue les effets secondaires du propylène et rend la vape plus douce, plus ronde et assèche nettement moins la bouche et la gorge. Ce n’est pas forcément bête. Et puis la glycérine produit plus de vapeur. Ce qui est toujours sympa.
Mais plus le temps passe et plus la dose de glycérine augmente par rapport à celle du propylène. Certaines gammes s’enorgueillissent même d’être « full VG ». Comme si c’était la panacée. D’un extrême, le tout PG, nous sommes passés à un autre extrême, le tout VG.
Pourtant, tout comme le 100% propylène a des effets secondaires gênants, les liquides fortement dosés en glycérine ou carrément 100% glycérine pourraient aussi en avoir. Certains vapoteurs ont constaté une certaine oppression au niveau des poumons lorsqu’ils consomment trop de liquides ultra-glycérinés. Certains parlent même de toux grasse, un peu comme lorsqu’ils fumaient. En même temps, ce n’est guère étonnant : la glycérine contribue à générer beaucoup plus de vapeur que le propylène. De plus, l’utilisation de liquide riche en glycérine s’accompagne de matériels souvent plus performants : basses résistances et puissance plus ou moins importante. Du coup cela envoie sévère. De quoi bien embaumer les pièces dans lesquelles on passe. De quoi aussi laisser des jolis dépôts bien gras sur les vitres des maisons ou des voitures. Il y a là légitimement de quoi se demander s’il n’y a pas un peu de cette vapeur conséquente qui reste bien lotie au niveau des poumons et si cela n’a pas des conséquences à terme, mêmes bénignes, sur le plan de la santé. Ce n’est qu’une question, évidemment. Je ne prétends aucunement avoir la réponse. D'ailleurs personne ne l'a à ce jour.
Signalons, toujours sur le plan de la santé, que la glycérine se transforme en acroléine en dessus d’une certaine température (environ 300°C). Logiquement, nos appareils ne sont pas censés chauffer à ce point et puis l’acroléine dégageant une odeur âcre, on le sentirait passer si on devait vaper de l’acroléine ! Cependant, il convient de rester vigilant.
Mais alors pourquoi certains fabricants se lancent dans cette course du liquide glycériné jusqu’au fond de la fiole ?
Probablement pour des raisons commerciales et marketing.
Tout d’abord, la glycérine contribue à une bien plus grande production de vapeur que le propylène glycol. Or, plus ou moins inconsciemment, le vapoteur va vouloir avoir autant de vapeur que de fumée lorsqu’il s’adonnait aux plaisirs coupables du tabagisme. S’il possède un vappareil qui délivre peu de vapeur, il aura l’impression que cela ne fonctionne pas bien ou moins bien. Il ne sera pas forcément satisfait, quand bien même il aura ses taffes, qu’il aura sa dose de nicotine. Il n’aura pas ce visuel de belles volutes de vapeur. Plus fort encore : cette recherche de la grosse vapeur est même devenu un passe-temps pour certains. On appelle cela le « power vaping ».
Enfin, le terme « propylène glycol » a toujours fait peur depuis les débuts de la vape. Cela sonne hyper chimique. Limite dangereux. Le terme « glycérine végétale », quant à lui, surfe largement sur les préoccupations bios, très respectables soit dit en passant. En somme, « glycérine végétale », cela fait plus naturel, plus respectueux de la planète. Et surtout, cela effraie moins.
Du coup, outre l’accent que mettent certains fabricants sur leur liquide « full VG », on a vu certains d’entre eux revendiquer fièrement vendre des liquides « sans propylène » (cf. ce lien) où le fabricant nous explique avoir supprimé le PG par principe de précaution). Certains assurent même que leur glycérine végétale est « bio ». C’est le fin du fin. Comme s’il était biologique de se coller autre chose que de l’air dans les poumons…
Pourtant, lorsqu’on sait que le propylène glycol peut être produit par la nature (certains champignons en produisent) et qu’on peut fabriquer en laboratoire de la glycérine végétale, on se dit que soit tout fout le camp soit vaut mieux voir en delà des impressions que peuvent procurer un simple mot !
Derrière son aspect inquiétant que revêt le terme, le propylène glycol est une substance connue, très répandue et utilisée quotidiennement depuis des dizaines d’années. On le trouve dans 400 médicaments, excusez du peu, dans les produits d’hygiène et cosmétiques, dans les produits alimentaires. En somme, on se lave au propylène, on se soigne au propylène, on en mange même. C’est aussi à partir du propylène que l’on fabrique la fumée des spectacles. Dans toutes les utilisations qu’on lui connaît, le propylène est considéré comme non cancérigène et non toxique. Il reste à connaître quels sont les effets du propylène dans la vape. Nous n’avons aucune certitude. Mais nous n’en avons pas plus avec la glycérine, fut-elle végétale voire biologique. En somme, à ce stade, rien ne justifie les frayeurs de certains consommateurs. Ni ne justifie que certains s’efforcent coûte que coûte de virer le propylène des liquides, même au nom du principe de précaution. Sauf à répondre à des questions de goût, on a le droit de préférer telle ou telle substance, ou bien pour des problèmes d’allergie évoqués plus haut. Mais fuir les liquides contenant du propylène juste pour faire comme tout le monde, par volonté d'avoir la plus grosse vapeur possible ou bien par crainte d’un terme, n'est-ce pas un tantinet idiot ?
Alors, tout compte fait, il y a de quoi se demander si le tout VG n’est pas tout aussi stupide que le tout PG. Finalement, un ratio plus ou moins équilibré PG/VG n’est-il pas la solution permettant de neutraliser les effets secondaires voire négatifs que ces deux substances pourraient engendrer ? Tout excès a coutume d’être mauvais, disaient nos anciens. Et s’ils avaient raison ?
Qu'en pensez-vous ? Quel est le ratio PG/VG dans vos liquides habituels ? Si vous êtes amateurs de liquide très dosés en glycérine ou en propylène, avez-vous constaté des effets indésirables ?
Merci de m'avoir lu et bonne vape !
Quand la vape devient bête : haro sur le propylène glycol !
Franck | Publié le mar 8 Sep 2020 - 20:11 | 1551 Vues
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