[TRIBUNE 15/05/23]ouestfrance.fr : de la cigarette au vapotage, comment nous refaisons les mêmes erreurs

Voici une tribune fort édifiante proposée par le site Ouest France. Cette tribune a été rédigée par Simon Chapman, un professeur émérite en santé publique à Sydney. Un australien donc. Une tribune totalement à charge d'un gars qui semble être un joyeux détracteur de la vape. Et, sauf erreur de ma part, ce n'est même pas un médecin. Mais cela ne l'empêche pas aucunement de dire tout le mal qu'il pense de la vape.
Pourquoi une tribune d'un obscur professeur en santé publique australien se retrouve traduite sur Ouest France ?   Aucune idée. Un hasard total, très certainement.

Cette tribune est donc édifiante puisqu'elle montre comment on peut tordre la vérité pour arriver à ses fins, comment certains ne reculent devant aucune bassesse, aucun mensonge, aucune malversation pour manipuler les masses qui n'ont pas le temps de se pencher sur la question et qui feront confiance à un professeur émérite publié sur des sites de "bonne tenue".

Je ne vais pas reprendre et démonter tous les propos de ce gars, vous avez suffisamment d'intelligence pour le faire vous-mêmes.
Je vais tout de même revenir sur deux propos si vous débutez dans la vape. Si vous avez quelques années d'ancienneté, vous pouvez sauter ces passages.

"Le vapotage ne se développe que depuis une dizaine d’années. Par conséquent, s’il provoque des affections graves sur le long terme telles que le cancer du poumon, des maladies cardiovasculaires ou respiratoires, on s’attend à ce qu’il y ait encore très peu de cas à l’heure actuelle. Cela n’a pas empêché certaines déclarations cavalières selon lesquelles le vapotage serait « 95 % moins dangereux que le tabagisme ». Cette statistique est encore souvent utilisée, bien que l’article originel admette que plusieurs critères utilisés pour évaluer les effets néfastes du vapotage ne sont pas suffisamment étayés."

Notez qu'à la lecture de ce paragraphe, on ne sait absolument pas qui a prononcé ces "déclarations cavalières". Des quidams quelconques ? Sont-ce des propos de comptoir ? Une rumeur ? Une légende urbaine sortie d'on ne sait où ?

Pas du tout.

C'est le Public Health England qui a publié cela le premier cette déclaration. Le Public Health England est l'équivalent français de la Direction générale de la santé, une organisation gouvernementale tout ce qu'il a de plus sérieux. En France, l'idée a été reprise lors du premier sommet de la vape en 2017 à Paris lors du communiqué accepté par les associations présentes de lutte contre le tabac ou les addictions composées de nombreux médecins et professeurs de médecine (cf. ce document) ou ici pour avoir toutes les infos sur ce sommet).
Ce sont donc des professionnels de la médecine, des organisations privées ou publiques qui sont arrivées à ces conclusions. Et elles ne l'ont pas fait au hasard. Elles l'ont fait sur la base d'études scientifiques, de leurs propres retours d'expérience.

Récemment, le Pr Dautzenberg, pneumologue, tabacologue et président de Paris Sans tabac a encore déclaré : «La cigarette électronique est infiniment moins nocive que la cigarette classique» (lire cet article dont la totalité est réservé aux abonnés du Figaro).

Et il est loin d'être le seul (lire ici).

Mais, afin de discréditer un propos, le mieux est de ne pas citer les auteurs, de laisser insinuer que ces propos sont "bêtes", venus de nul part, non assis sur des conclusions scientifiques. Car si l'auteur de la tribune devait dire que ces conclusions émanaient de professionnels de la santé, il serait obligé d'expliquer, d'argumenter, de débattre, de prouver.
Alors, on dit que c'est cavalier et on passe à autre chose. Cela permet de ne pas argumenter, de ne pas démontrer.

"Les partisans du vapotage soutiennent que la cigarette électronique est incontournable pour aider les fumeurs à arrêter de fumer, mais les preuves de cette efficacité sont limitées."

La vape existe depuis 2008 dans les pays occidentaux. De dizaines d'études scientifiques ont été réalisées à ce sujet. 9 études sur 10 concluent que la vape est efficace pour arrêter de fumer. Presque toutes indiquent que la vape est même le moyen de sevrage le plus efficace. En France, Santé Publique France, un organisme de la santé placé sous l'égide du ministre de la santé (donc pas un organisme qui a tendance à dire n'importe quoi), a noté que 100 000 fumeurs quittaient chaque année le tabac pour la vape. L'étude ayant couru sur 7 ans, Santé Publique France concluait donc que 700 000 fumeurs français avaient arrêté le tabac avec la vape, soit un million en 10 ans.  La section "Cap Santé" de forum doit contenir au minimum une vingtaine d'études de ce type.
Une étude américaine récente a même montré que les fumeurs américains qui passent à la vape sont nombreux à arrêter cette dernière (lire ici).

Mais regardez comme ce mec est lâche, hypocrite et joue avec les mots pour tromper le lectorat. Il n'écrit pas qu'il n'y a pas de preuves, ce qui serait factuellement faux et il le sait, il dit qu'elles sont limitées pour que chacun puisse conclure que ce n'est pas la peine de s'y attarder.

Voilà comment on balaye les deux arguments majeurs de la vape : qu'elle est moins dangereuse que le tabac (c'est cavalier) ou qu'elle est efficace pour arrêter de fumer (preuves limitées). Une fois cela fait, on peut demander l'interdiction de la vape.

La conclusion est un petit bijou de médiocrité intellectuelle ;

"Actuellement, les dispositifs de vapotage sont largement disponibles, mais ceux qui comprennent des liquides contenant de la nicotine ne sont légalement disponibles que sur ordonnance en Australie [la France a mis en place une réglementation spécifique, NdlR]. Cela n’empêche malheureusement pas d’en acheter aussi illégalement que facilement en ligne ou dans certains magasins de proximité."

En effet, en Australie, il faut une ordonnance pour se voir délivrer légalement des produits de la vape mais les fumeurs et les jeunes se précipitent vers le marché noir avec toutes les conséquences que cela peut avoir (produits sans garantie, sans transparence, fabrication des liquides douteuse voire à la composition dangereuse).
Croyez-vous que ce gars se rende compte que son discours contre la vape qui a entraîné la mise sous tutelle médicale de la vape est débile puisque, manifestement la médicalisation de la vape ne fonctionne pas ? Que si autant de gens sont prêts à braver les interdits, c'est peut-être que la vape n'est pas si inefficace qu'il le prétend ? Peut-être pourrait-il arriver à la conclusion qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans son discours débilisant et infantilisant, en plus d'être particulièrement trompeur ?
Pas du tout ! Aucune remise en cause. Parce que lorsqu'on commence à tromper le peuple, on ne s'arrête pas. On continue voire on accélère.

Bonne lecture et bonne vape !  

@Franck:

Admettons que ce Simon Chapman soit inscrit sur le forum sous le pseudonyme « Ducon » ( ça pourrait se faire).

Il écrit ça, je lui réponds:

@Ducon:

Tu oublies peut-être que, malgré toutes les recherches faites sur la cigarette électronique, aucune substance cancérogène n’a été décelée, aucune substance reprotoxique.

Et les analyses du XXI° siècle sont beaucoup plus fines que celles du XX°, où il était difficile de les détecter.

De deux maux, il faut savoir choisir le moindre!

Et comme il n’y a aucune substance toxique décelable en l’état actuel de nos connaissances, tu ferais mieux d’approfondir la question avant de parler!

Surtout que ça risque être repris dans des médias avides de répandre le doute…

Ton avis est aux antipodes de ce qu’affirment les professeurs de Médecine Anglais et de pays évolués: tu marches sur la tête?

Franck a écrit:
...a noté que 100 000 fumeurs quittaient chaque année le tabac pour la vape. L'étude ayant couru sur 7 ans, Santé Publique France concluait donc que 700 000 fumeurs français avaient arrêté la vape grâce au tabac

Petite inversion je pense.

@depeu:

Tu ne le savais sans doute pas, mais Franck est un fervent adepte de la « théorie de la passerelle »

Sa marotte, quoi…

D’autre part, il lui arrive d’écrire façon « Lucky Luke »…

@depeu :

Oui, effectivement Bien vu, depeu. Cela m'arrive de temps à autre d'inverser les deux. Je ne sais pas pourquoi

@papillon :

Simon Chapman ne viendra jamais sur un forum de vape ici ou en Australie, je pense qu'il s'en tamponne joyeusement le coquillard. Echanger avec des fumeurs ou des vapoteurs n'est pas son problème. Il a son idéologie, sa feuille de route et même constater que la médicalisation de la vape entraîne une augmentation du marché noir ne le fait même pas s'interroger.
Alors soit c'est un idéologue qui reste sur ses positions : fumer est une maladie. Donc cela doit passer par un professionnel de la santé. Seul ce dernier est habilité à prescrire le traitement adéquat parmi les produits ayant une autorisation de mise sur le marché (patchs, gommes, Champix). Donc la vape ne rentre pas dans ce cadre. Ou alors c'est un copain des labos. Peu importe.

Tu as relevé un point que je n'ai pas abordé. En faisant le parallèle entre l'apparition du tabagisme et l'apparition de la vape, il instille l'idée que la vape pourrait être aussi dangereuse que le tabac. Mais sans l'écrire spécifiquement. en le faisait sous-entendre au lectorat. Là encore, c'est un bel exemple de mauvaise foi et de manipulation des masses.
Bien entendu, il connaît la composition des liquides qui n'a pas grand chose à voir avec le tabac, hormis la nicotine. Il sait aussi qu'en plus d'un siècle, les méthodes d'analyse de liquide ou de vapeur ont fortement évolué. Il connaît l'identité des personnes, aussi légitimes que lui voire plus, dont il juge la position "cavalière". Il ne va donc pas cité le Public Health England et affirmer que cet organisme étatique anglais est respectable et qu'il a quelques belles réussite dans la mise en place de politique de baisse du tabagisme. Cela l'obligerait à trouver des arguments pertinents.
Mais ce n'est pas son propos. Son objectif est d'arriver à faire interdire la vape en Australie et il utilisera tous les moyens pour cela : mensonge, omission, détournement du sens des mots.

Tu pourras me dire, bon là c'est en Australie, on s'en fout. Oui et non. OK, ce n'est pas en Europe ou en France. Mais c'est tout de même intéressant car, même en Europe, en France, en Belgique, en Suisse, au Canada, on a des organismes qui utilisent plus ou moins les mêmes méthodes pour discréditer la vape.
Et ce phénomène n'est d'ailleurs pas présent que dans la vape, me semble-t-il.

Franck a écrit:Ou alors c'est un copain des labos.

Ou des cigarettiers. Vu le prix du paquet de clopes en Australie, ça doit sacrément les emmerder que les gens n'en achètent plus.

combien-coute.net a écrit:Cette année, pour s'offrir un paquet de 20 cigarettes en Australie cela revient à 24.58 €. Il s'agit d'un prix moyen qui peut descendre jusqu'à 19.67 € et grimper jusqu'à 30.73 € selon la période et la ville.

SOURCE

Franck a écrit:Et ce phénomène n'est d'ailleurs pas présent que dans la vape, me semble-t-il.

Et pourquoi le serait-il ? Ça marche tellement bien !

@Vieux Pat :

Ou des cigarettiers.

Mouaip. Possible mais je n'y crois guère. Attention, les cigarettiers sont réputés pour faire du lobbying, on sait qu'ils payent des scientifiques notamment pour faire des études scientifiques et brouiller le message sur la dangerosité du tabac, on sait aussi qu'ils payent certains politiques (le club des cigares de l'assemblée nationale) ou qu'ils font du lobbying auprès de l'UE. Je l'ai vu de mes yeux vus. donc penser que les cigarettiers "s'offrent" des professionnels de la santé" est possible et ne relève en rien du mythe ou d'un complotisme quelconque.

Mais, pour ce professeur de santé publique, je crois qu'il est plus naturel de penser qu'il soit plus fréquemment en contact avec les labos sous couvert de recherches universitaires.
Mais il se peut qu'il soit juste un idéologue souhaitant juste interdire la vape dans son pays afin que les fumeurs dociles se retournent vers les patchs ou les gommes qui eux aussi ont montré des résultats très limités.
Interdiction qui ne changerait à la situation australienne puisqu'il constate lui-même que le marché noir se développe. Donc, à moins de criminaliser les vapoteurs, les enfermer, leur jeter des pierres ou les écarteler en place publique comme au "bon vieux temps", cela ne changera rien : des gens sont prêts à aller sur le marché noir pour se fournir. C'est peut-être que la vape est efficace. Mais ce gars ne posera jamais la question en ces termes.

Franck a écrit:Mais, pour ce professeur de santé publique, je crois qu'il est plus naturel de penser qu'il soit plus fréquemment en contact avec les labos sous couvert de recherches universitaires.

C'est très probable, en effet.
Mais dans ce monde de fous, où chercher une logique ?