[TRIBUNE 05/05/24]bvoltaire.fr : Le phénomène puff dans les collège et lycées

Le très conservateur Boulevard Voltaire propose ici une tribune sur les puffs. Ou plutôt contre. Pas de politique partisane ici puisque l'interdiction des puffs en France a été proposée par une députée écologiste,  Francesca Pasquini, en 2022 et que, à ma connaissance, la plupart des groupes parlementaires l'ont votée de la gauche à la droite en passant par le centre. Les idées développées dans cette tribune par une prof dans un collège, Virginie Fontcalel, sont donc largement partagées sur les bancs de l'Assemblée Nationale, quel que soit le parti.
Et c'est justement parce que le discours tenu dans cette tribune est commun, et en plus largement partagé dans les médias, qu'il est intéressant, qu'on le soit d'accord ou pas. En plus, cette prof raconte comment cela se passe dans son collège. Ou ce qu'elle croit savoir. Ce qui n'est pas sans intérêt. Loin s'en faut. Mais Mme Fontcalel voit uniquement ce qui se passe dans son collège. Que des milliers d'adultes passent à la vape via les puffs et donc arrêtent de fumer par la même occasion n'est pas son problème. Elle n'évoque même pas ce cas de figure. Dommage. Cela permet de relativiser le fait que les puffs soient uniquement une monstruosité destinée à corrompre la jeunesse. C'est plus compliqué que cela.
Enfin, je reviens sur plusieurs points.
- Mme Fontcalel annonce : " Le taux de nicotine varie entre 0 et 2 %, si on se fournit en France". Ensuite, elle n'aborde plus ce point. Pourtant il est capital. On peut donc utiliser les puffs sans nicotine. C'est à confirmer mais il me semble que beaucoup de jeunes utilisent des puffs sans nicotine. Ce qui est plutôt encourageant car, dans ce cas, il n'y a évidemment pas d'addiction à la nicotine.
- si la prof indique que l'utilisation des puffs est très courante dans son collège à partir d'expériences vécues et de témoignages recueillis dans son collège, elle ne fait pas la distinction entre celles et ceux qui utilisent une fois ou deux pour voir, qui utilisent occasionnellement ou qui sont réellement accrocs. Pourtant, là encore, il aurait été intéressant de faire le distinguo ;
- elle écrit : "toutes les études [...] attestent que ces cigarettes électroniques ludiques sont prédictives en termes de consommation tabagique".
Peut-être. Mais déjà la prédiction, même encadrée par des méthodes scientifiques, n'est pas une vérité absolue, et certaines de ces études posent question. Par exemple, voici les courbes des consommations du tabac et de la vape cher les jeunes en France entre 2018 et 2022 :




Ces données sont factuelles et validées par l'OFDT, un groupement d'intérêt public (le titre du graphique par contre n'est pas signé par l'OFDT   ). A partir de là, comment peut-on affirmer que la vape va amener les jeunes vers le tabagisme ? Sur quelle base ?  Ne montrent-ils pas, au contraire, que la vape ringardise le tabac ?   Attention, cela ne veut pas dire que l'utilisation de la vape chez les jeunes est une bonne chose. Je vous laisse choisir votre camp !    Simplement, qu'il est nullement montré par les chiffres constatés que la vape est une porte d'entrée vers le tabagisme.

Hormis ces quelques points, on apprend des trucs intéressants dans cette tribune. Comme par exemple que, selon elle, certains parents achètent eux-mêmes des puffs à leurs enfants.

Et vous, avez-vous déjà acheté des puffs à vos enfants ? Seriez-vous favorable pour le faire ?

Bonne lecture et bonne vape !