A nous les petites anglaises....

Traduction : votre dévoué s_creach (s_creach@yahoo.fr)

La « commission incitative » [nudge unit] du gouvernement souhaite encourager l’utilisation de cigarettes avec nicotine mais sans fumée, interdites dans plusieurs pays, pour tenter de réduire le nombre de décès annuels au Royaume-Uni qui sont dus aux maladies liés au tabagisme.

L’équipe d’investigation des comportements du cabinet ministériel – plus connue sous le nom de « commission incitative » [nudge unit] – souhaite promouvoir cette nouvelle technologie car l’administration politique pense que l’approche rigide anti-tabac « arrêtez ou mourrez » ne fonctionne plus. A la place, ils souhaitent que l’addiction à la nicotine soi gérée de façon à permettre l’aide aux fumeurs qui ne peuvent arrêter autrement – une approche que cette commission estime capable d’empêcher des millions de décès dus au tabac. Dix millions de personnes fument au Royaume-Uni, et 80 000 personnes meurent du tabac chaque année.

Cette commission – qui est une première mondiale – déclare que malgré l’adversité, son premier rapport annuel publié jeudi dernier dicte une série de mesures qui pourrait d’après eux sauver des milliers de vie chaque année, ainsi que 100 millions de livre d’ici aux prochaines élections législatives.

Parmi les idées déjà avancées, on trouve l’incitation aux dons d’organe, en demandant aux personnes de les refuser explicitement plutôt que de les accepter explicitement dans les formulaires en ligne de demande de permis de conduire. Le rapport indique également que le gouvernement devrait modifier les formulaires d’impôt afin d’informer les gens du nombre de personnes de leur catégorie qui les ont déjà payés avant eux.

Désormais, la commission souhaite explorer et encourager les nouveaux produits qui fournissent de la nicotine aux poumons des gens, mais sans les dangereuses toxines et cancérigènes que l’on trouve dans la fumée du tabac, et qui tuent.

Le rapport annuel mentionne : « il sera important de modifier le cadre législatif afin qu’il rende justice à ces produits, et encourage à leur innovation. C’est un fait établi que, pour changer les comportements, il est bien plus facile d’y substituer un comportement analogue que de réprimer une habitude fermement ancrée (comme on a pu le voir, par exemple, dans la rapide bascule de l’essence plombée à l’essence sans plomb). Si des produits nicotinés alternatifs et sains peuvent être développés, et qu’ils sont assez attractifs pour que les gens puissent les substituer aux cigarettes traditionnelles, ils pourraient potentiellement sauver 10 000 personnes par an. »

Les alternatives d’aujourd’hui vont du tabac sans fumée à la snuff Suédoise, qui est illégale au Royaume-Uni. Certaines cigarettes sans fumée sont illégales en Australie, et interdites au Canada, Brésil, Singapour et en Thaïlande, au motif que les effets secondaires n’ont pas été testés.

Mais des experts ont indiqué au gouvernement britannique que la nicotine contenue dans certains nouveaux produits de cigarette sans fumée n’est pas plus dangereuse que la caféine contenue dans le café. Une source du cabinet ministériel déclare : « beaucoup de pays projettent d’interdire ces produits; nous pensons que c’est une erreur ».

John Britton, professeur d’épidémiologie à l’Université de Notthingham, a déclaré au Guardian que, au-delà des produits sans fumée connus à ce jour – parmi lesquels la cigarette électronique, qui simule la fumée par un brouillard que l’on inhale – il y a trois ou quatre dispositifs en cours de développement. Mais selon lui, les entreprises rechignent à développer cette technologie, car elles craignent qu’elles soient contrôlées aussi sévèrement que des produits pharmaceutiques.

Britton nous a dit : « si un fabricant déclare en quoi que ce soit un effet sur la santé, alors cela est un médicament, et les médicaments doivent être régulés avec un très strict contrôle. Les substituts nicotiniques actuels sont vendus comme des médicaments ; toutefois, les cigarettes électroniques contiennent de la nicotine, mais contournent le problème en n’arguant pas d’un bénéfice sur la santé, elles peuvent donc être vendues librement, mais avec très peu, voire pas d’information sanitaire ni de norme. Ce que nous demandons, c’est une modification de la réglementation pour amener tous les produits contenant de la nicotine dans un régime plus souple, qui garantira des normes sanitaires et de pureté raisonnables, tout en leur permettant d’être disponibles comme le sont les cigarettes chez un buraliste. »

L’Agence de Régulation des Produits de Soins et de Médecine [Medecine and Healthcare Products Regulatory Agency – MHRA] examine l’autorisation d’utilisation de ces produits. S’ils gagnent leurs faveurs, il est très probable que le gouvernement incite à les placer en évidence en magasin, à côté des cigarettes, où ils seraient vendus moins chers.

La commission est prête à affronter les critiques qui pensent que ses analyses et interventions dans le comportement des gens seraient « de l’immobilisme de nounou ».

David Halpern, qui dirige la commission, a déclaré au Gardian : « Comme pour les ceintures de sécurité et pour l’interdiction de fumer, ces idées ont été impopulaires au départ, mais après les avoir expliquées, les gens comprennent et disent "Ok, c’est d’accord" ».
Halpern ajoute : « Après un an passé, nous sommes bien plus confiants en notre efficacité, et les premiers essais nous ont également rendus bien plus confiants quant à l’acceptabilité de la démarche auprès du public. Il n’y a aucun doute sur le fait que cela puisse sauver de nombreuses vies et des centaines de million de livres. En fait, notre problème est devenu le suivant : nous sommes tellement sollicités par Whitehall [NDT : le parlement] que nous devons décliner beaucoup de leurs requêtes.